Saison des pluies
Ca y’est, la saison des pluies est arrivée. Des pluies comme on n’avait encore jamais vu. Elles s’abattent d’un coup, ce n’est pas des seaux qui tombent ici, c’est des baignoires. La semaine dernière, je me suis retrouvée coincée dans notre ancien appartement, aucun taxi ne voulait venir me chercher… et avec raison, 15 minutes de pluies, et il y avait déjà plus de 40 cm d’eau dans la rue. J’ai dû sortir à pied, avec de l’eau jusqu’au dessus des genoux… et quand on sait que les égouts sont à ciel ouvert ici…
Surtout, la pluie fait redécouvrir la géographie sociale de la ville… il y a une division claire entre les quartiers où la pluie s’écoule vers l’aval, et ceux où la pluie inonde tout. D’un côté les quartiers plus riches, installés depuis longtemps, de l’autre les quartiers pauvres, aussi appelés « invasions » ici… c’est les marais qui ont été transformés en quartiers improvisés, et en saison des pluies, les eaux remontent à l’attaque… En novembre, l’institut des statistiques brésilien a sorti des rapports montrant qu'il reste encore beaucoup de précarité au Brésil, et la ville qui arrive au top du classement est… Belem… sur 2 millions d’habitants, plus de 50% vivent dans des conditions précaires, sans tout à l’égout. Je sais maintenant que c’est plutôt: avec l’égoût qui inonde leur rez-de-chaussée lors des pluies…
Pour nous, janvier a été le mois de l’installation dans notre nouvel appartement. On a découvert un des avantages qu’on n’avait pas encore imaginé : la rue n’inonde pas. Mais on a aussi plongé en plein dans la société à deux vitesses : travaux, achat de meubles, tout nous y ramène… Des maçons sans doute mal payés qui bâclent leur travail… Pas d’intermédiaire entre les meubles de supermarché et les meubles de luxe (vivement qu’Ikéa s’installe ici). Le portier de notre immeuble qui nous demande de l’argent pour payer un médicament à son fils… Jusque là, on vivait dans un monde d’étudiant, où on passait pour des bohèmes sans argent (ce qu'on était d'ailleurs). Maintenant, avec un appartement, on prend du statut, et ça nous fait bizarre… pas facile de s’assumer comme riche (et encore, on est loin des vrais riches brésiliens), la classe moyenne à la française me manque…
Sinon, pour tout ceux qui m’ont écrit ou qui attendent que j’apparaisse sur skype : désolée, on fait les frais de la privatisation/tertiarisation des télécommunications brésiliennes, un mois qu’on attend l’installation d’internet… un mois à faire ping-pong entre la centrale téléphonique et les magasins franchisés, aucun ne pouvant résoudre notre problème (d’ailleurs, personne n’identifie qu’il y a un problème). Et le pire, c’est que c’est terriblement cher, l’un des plus chers services de télécommunication du monde… si vous saviez comme je vous envie Free et consorts !