Le Ver-o-Peso avant l'aube...

Publié le par antes-ou-depois-da-chuva

4H30, mon réveil sonne. Tout endormis, on roule dans les avenues vides. Mes parents sont là, l'occasion de mieux découvrir Belem. Ca faisait longtemps que je voulais faire cette excursion matinale, mais je n'avais pas encore trouvé le courage... se lever seule aussi tôt, c'est pas si facile. A trois, quand on a combiné la veille, y'a pas le choix.

5h, on se gare juste à côté du Ver-o-Peso, le marché de la veille ville de Belem. On ne voit pas grand chose, il fait nuit, et surtout, il y a des camions partout. On s'approche du port, Leida nous attend au pied de l'horloge, comme prévu. "Par ici", elle fait signe qu'il faut traverser la haie de camions. Là, de l'autre côté, on arrive dans un autre monde. L'odeur nous prend d'un coup, et le spectable aussi. Des caisses et des caisses et des caisses de poissons. Tous plus frais les uns que les autres. Tout juste débarqués des bateaux. Toutes les formes, toutes les tailles. Je commence à en reconnaitre quelques-uns, mais il y en a tellement. Même Leida ne connait pas tous les noms.

Leida, c'est mon "empregada" comme on dit ici, mon employée, qui vient une fois par semaine faire le ménage chez moi, et surtout, m'initier à la cuisine amazonienne. Aujourd'hui, elle a accepté d'être notre guide. Heureusement d'ailleurs, c'est pas un lieu à touristes. On est tout de suite repérés. "Americanos?" Non, français. On arrive un peu plus loin, "ah, un jour j'irai en France". Ca y'est, tout le marché est au courant qu'on est français. "Gringa, prends mes beaux poissons en photos", un homme attrape deux poissons et pose. Un autre soulève un sac à grosses crevettes. Papa ne sait plus où donner de l'appareil.

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Les pêcheurs attendent assis sur une caisse derrière leur butin. Tout le poisson qui sera vendu aujourd'hui à Belem passe par ici. Tous les acheteurs de supermarchés de Belem et d'alentours sont là. Ils se promènent, soupèsent les poissons, négocient le prix, puis un porteur apparait de nulle part, et embarque tout vers un des camions remplis de blocs de glace et de caisses en polystyrène. Nous on fait petit jeu à côté. On veut acheter un poisson pour midi, un tainha, une sorte de mulet, qui vient de la mer. Leida les cuisine délicieusement bien, grillés au four. Elle s'approche d'un vendeur, commence à négocier. "Je vends pas à moins de 10 kilos". On trouve finalement un pêcheur qui accepte de vendre, mais on doit en acheter deux. On ne se ruine pas: 10 reais les deux. Au supermarché, j'aurai payé minimum 20 reais pour un seul poisson. Et ça tombe bien d'en avoir deux, Leida en remènera un chez elle. Elle adore le poisson mais en achète rarement, c'est trop cher par rapport au poulet ou au boeuf.

Ici, il n'y a pas que le poisson qui arrive au port. Tous les produits de la région alentour arrivent par le fleuve. On poursuit notre visite dans la partie des légumes. Des montagnes de poivrons, d'herbes de toutes sortes. Ici, les vendeurs pinaillent moins et acceptent de vendre à l'unité. Et c'est donné. Dans deux heures, les mêmes produits au même endroit seront minium trois fois plus chers. feira17

On part alors de l'autre côté du port, là où arrive l'açai. L'açai est un petit fruit de palmier, avec juste une petite pellicule extérieure qui se mange. Une fois trempé dans l'eau puis centrifugé, ça donne une crème épaisse rouge foncée. Ici ça se mange en accompagnement du poisson. C'est le plat quotidien des amazoniens, poisson-açai (et farine de manioc). Dans le reste du Brésil, c'est un produit de luxe, un énergisant que mangent les surfeurs à Rio.

"Vai, vai, vai". Même pas le temps de tourner la tête, c'est signe qu'il faut dégager vite fait, pour que pas se faire renverser par une cariole chargée de sacs d'açai. Les porteurs attendent sur leur carriole à côté des paniers d'açai. Puis dès qu'on leur fait signe, ils arrivent, chargent les sacs de plus de 20 kg chacun, formant une pyramide de souvent plus de dix sacs, puis attrapent la carriole à bout de bras et partent en courant. Les passants sont prévenus et sautent sur le bas-côté dès qu'ils déboulent.

Avec tant d'animations, on voit à peine le temps passer. Il est déjà 6h, le ciel tourne au rose puis au jaune. Sur le bord des toits alentours, on aperçoit les vautours qui s'approchent lentement. Ils savent, les vendeurs et les acheteurs ne vont pas tarder à partir, laissant derrière eux des restes intéressants. Vers 7h30-8h, les autres vendeurs ouvriront leurs échoppes, ceux que je vois d'habitude. Mais maintenant, je sais que le Ver-o-Peso n'est pas juste un marché de centre ville, c'est là que se joue toutes les nuits ce qu'on mangera à Belem.

 

Voir l'album Le marché aux poissons

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